Des secours dépassés, les incendiaires montrés du doigt
La Grèce n'a pas connu d'incendies aussi meurtriers depuis des décennies. "Nous frôlons la catastrophe nationale, c'est sans précédent", a affirmé dimanche matin le porte-parole des pompiers. Le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours à partir de samedi. Les flammes ont déjà menacé des lieux mythiques, comme celui d'Olympie, berceau des Jeux Olympiques, finalement épargné ; un autre incendie a éclaté lundi matin sur le mont Hymette, à moins de dix km du centre-ville d'Athènes, mais a été placé sous contrôle.
Sur l'ensemble des victimes signalées, pas moins de trente-neuf personnes, dont une mère de famille et ses quatre enfants, ont succombé dans la seule région de Zacharo, un village de l'ouest de la péninsule. Au milieu de la catastrophe qui frappe le pays, ce drame est vu par certains comme emblématique de l'incapacité des secours. Des victimes "ont peut-être tardé" à fuir, a relevé le porte-parole du gouvernement, mais les pompiers ont toutefois reconnu n'avoir pas pu atteindre à temps toutes les zones menacées. Et désormais, autour des maisons en flammes, ce sont parfois les cris et les injures qui accueillent l'arrivée trop tardive des pompiers. Mais alors que la Grèce se prépare à des élections législatives anticipées le 16 septembre, les partis d'opposition se sont abstenus de polémiquer sur l'efficacité des secours. Tous les meetings électoraux ont été reportés.
Les politiques font le dos rond
Pendant que les feux poursuivent leur progression, le Premier ministre Costas Caramanlis a décrété l'état d'urgence dans tout le pays "afin de mobiliser tous les moyens et toutes les forces pour arrêter le mal et rendre plus efficace l'action visant à panser les plaies". Dans un message à la nation, il a annoncé une série de mesures immédiates comprenant des aides financières et en logement aux populations sinistrées, et des mesures contre la spéculation immobilière. Il a aussi souligné sa détermination à punir les éventuels incendiaires.
Les pompiers ont déjà évoqué plusieurs pistes criminelles, relevant notamment que 22 foyers avaient démarré vendredi après la tombée de la nuit. Une dizaine de personnes, soupçonnées d'incendie volontaire, ont été arrêtées depuis vendredi et sept ont été inculpées. Et face à l'indignation de la population, le ministère grec de l'Ordre public a annoncé dimanche soir offrir des récompenses de 100.000 à un million d'euros pour la capture des auteurs des incendies. Le montant de la récompense pour chaque incendie d'origine criminelle sera fixé par rapport au nombre de victimes provoquées et l'importance du sinistre.