Décès de Boris Eltsine, initiateur mal aimé de la chute de l'URSS Par Bertille OSSEY-WOISARD MOSCOU (AFP) - Le premier président de la Russie post-soviétique Boris Eltsine, est décédé lundi, après avoir administré le coup de grâce à l'URSS et ouvert sur l'extérieur le plus vaste pays du monde, un règne hors du commun qui s'est achevé dans la rancoeur.
M. Eltsine est décédé lundi à 15H45 (11H45 GMT) à l'âge de 76 ans d'un brusque arrêt cardiaque à la suite d'une insuffisance cardio-vasculaire, a déclaré Sergueï Mironov, chef du département médical auprès du Kremlin, cité par l'agence Interfax.
L'ancien président russe Boris Eltsine souffrait de problèmes cardiaques depuis de longues années. Son décès a été suivi d'une vague d'hommages.
La Maison Blanche a qualifié l'ancien président de "figure historique à une époque de grands changements et de défis pour la Russie".
Mikhaïl Gorbatchev, autre figure historique russe, a été le premier à réagir. Pour l'ancien président soviétique et père de la perestroïka, Boris Eltsine a connu "un destin tragique".
"J'offre mes condoléances les plus sincères à la famille d'un homme qui a porté sur ses épaules beaucoup de grandes avancées pour le pays et des fautes graves", a-t-il déclaré.
M. Eltsine aura en effet métamorphosé la Russie en portant le coup de grâce à l'URSS. Le 8 décembre 1991, réunis près de Minsk sans le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, Eltsine et ses homologues ukrainien Léonid Kravtchouk et bélarusse Stanislav Chouchkievitch avaient proclamé la "mort de l'URSS".
Eltsine a ouvert sur l'extérieur le plus vaste pays du monde, y a imposé la démocratie et encouragé le développement des médias. Mais il a aussi envoyé les chars à l'assaut du Parlement, laissé s'effondrer le système de santé et d'éducation, s'étendre l'emprise de la mafia, et ordonné la répression sanglante des indépendantistes tchétchènes.
Ayant mis sur les rails de difficiles réformes économiques, entre 1991 et 1994, Eltsine s'est par la suite montré plus soucieux de préserver son vaste pouvoir que de corriger les multiples imperfections des premières années de réformes.
C'est aussi au cours de la seconde période qu'il a accumulé les ennuis cardiaques, et qu'il se lancera dans l'aventure la plus malheureuse et la plus impopulaire de sa présidence: la guerre de Tchétchénie, qui fera en 20 mois des dizaines de milliers de morts.
La crise économique d'août 1998 sonnera le glas pour Boris Eltsine. Le Kremlin sera alors forcé de dévaluer le rouble, suspendre le remboursement de certaines dettes, semant la panique parmi les Russes et dans les milieux financiers occidentaux. S'ensuit une crise de régime qui affaiblit définitivement le président.
Malade et isolé, il annonce sa démission le 31 décembre 1999, à la surprise générale, ainsi que le nom de son dauphin, Vladimir Poutine.
Le service de presse de ce dernier n'a pourtant pas présenté d'hommages lundi, se contentant d'indiquer que le président russe a téléphoné "aujourd'hui à Naïna Eltsine (NDLR : l'épouse de Boris Eltsine) et a présenté ses condoléances les plus profondes à elle et à tous les proches du premier président de Russie après son décès".
Viktor Tchernomyrdine, Premier ministre sous Eltsine entre 1992 et 1998, a lui qualifié l'époque Elstine "d'historique": "la Russie a pris un nouvelle voie avec lui. Les fondations démocratiques et économiques qu'il a mises en place sont irrévocables", a-t-il déclaré.
L'ancien président géorgien et ministre des Affaires étrangères sous M. Gorbatchev, Edouard Chevardnadzé, a de son côté décrit Boris Eltsine comme un "réformateur et démocrate". "Il a fait beaucoup pour renforcer son pays. Son décès est une grosse perte pour le peuple russe. Boris Eltsine et moi étions des amis de longue date", a déclaré M. Chevardnadzé.