Vingt-quatre ans après les faits, le feuilleton judiciaire de l'affaire Grégory
est loin d'être clos. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de
Dijon vient d'ordonner, mercredi matin, la réouverture de l'enquête sur
l'assassinat en 1984 de cet enfant de 4 ans, jeté pieds et poings liés
dans la Vologne. La demande émanait des parents, les époux Villemin, qui souhaitent que les progrès de la science soient mis à profit pour rechercher des traces ADN sur les scellés du dossier qui seraient en bon état de conservation au sein du palais de Dijon. Pour Marie-Christine Chastant-Morand, l'un des deux conseils de Christine et Jean-Marie Villemin, les chances de détecter des traces ADN "existent".
Lors de l'audience du 22 octobre, le Procureur général Jean-Marie Beney avait soutenu la demande des Villemin compte tenu "des progrès de la science", notamment dans le domaine de la génétique. Des réquisitions appuyées par un "avis scientifique", qui estime "aléatoires mais réelles les chances de succès" de trouver des "micro-phases d'ADN"
sur les principaux scellés du dossier : vêtements de l'enfant,
cordelettes entourant ses pieds et poignets, seringue et
conditionnement d'insuline trouvés sur les lieux, enveloppes, lettres
et timbres du "corbeau".
En rendant son arrêt, la
chambre d'instruction de la cour d'appel a également désigné un
magistrat instructeur en la personne de son président, Jean-François
Pontonnier. Ce dernier "devra désigner le ou les experts et le laboratoire en charge d'effectuer ces investigations", a de son côté expliqué Me Thierry Moser, autre avocat des parents Villemin. Selon lui, "un bilan scientifique de ces investigations peut être espéré en mai ou juin 2009".
La veuve Laroche veut une "réouverture totale" de l'enquête A
peine la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de
Dijon rendue publique, l'avocat de Marie-Ange Laroche, la veuve de
Bernard Laroche, a demandé une "réouverture totale" de l'enquête sur le
meurtre du petit Grégory, incluant également l'examen des cassettes du 'corbeau'. "Ma
cliente demande notamment que soit examinées les cassettes du
corbeau pour déterminer s'il s'agit de la voix d'un homme ou pas d'un
homme", a déclaré Me Welzer. "La justice doit chercher la vérité sur tout et pour qu'elle aboutisse, il faut qu'elle s'en donne les moyens", a ajouté l'avocat.
"Il
s'agit du énième épisode médiatico-judiciaire de cette affaire et l'on
va probablement montrer des images d'archives de Bernard Laroche
menotté et entre deux gendarmes. Or Bernard Laroche a été innocenté,
libéré puis assassiné (ndlr : par son cousin et père de Grégory, Jean-Marie Villemin)", a rappelé Me Welzer. "Ma cliente demande à être partie de la procédure qui vient d'être ouverte",
a encore dit l'avocat en ajoutant qu'il ferait ces demandes dans un
courrier qu'il doit adresser mercredi au procureur général de la cour
d'appel de Dijon et au magistrat instructeur devant être nommé dans le
dossier.
"Marie-Ange Laroche n'a rien à craindre d'une
réouverture de l'enquête et elle souhaite qu'elle aboutisse. Ma
cliente ne s'exprimera pas, elle ne veut voir personne car elle est
encore meurtrie par l'assassinat de son mari par Jean-Marie Villemin", a-t-il dit.
D'après agence