- Si les piranhas et autres crocodiles se sont jusqu'ici montrés cléments, le soleil ne laisse en revanche aucun répit à Martin Strel dans sa descente de l'Amazone à la nage.
Ce Slovène de 52 ans, qui a entamé ce périple de 5.430 km le 1er février à Atalaya, au coeur de la jungle péruvienne, espère atteindre la côte brésilienne après 70 jours d'efforts et battre ainsi son propre record du monde de la plus longue distance parcourue à la nage.Pour y parvenir, Strel s'est préparé à affronter toutes sortes de périls. Outre les piranhas et les caïmans, l'Amazone est peuplé d'une foule d'espèces inquiétantes, telles que les anguilles électriques ou le candiru, poisson-parasite et terreur locale, qui a la réputation de pénétrer dans l'urètre lorsqu'on urine.
C'est pourtant le soleil, qu'y s'est avéré le plus nuisible. "Je prie pour trois jours de pluie et je serai un homme neuf", écrit Strel dans un courriel transmis vendredi à Reuters.
"Jusqu'ici, le plus gros problème a été le soleil", confirme son fils Borut, chef de l'expédition, contacté par téléphone satellitaire. "Nous n'avons même pas eu deux jours de pluie, le soleil brille tous les jours. Le visage de Martin est brûlé, ses lèvres aussi. Il a des cloques, de grosses cloques!", poursuit-il, précisant que le nageur a dû modifier son tableau de marche pour limiter l'exposition.
100 KM PAR JOUR
Lorsque c'est impossible, Martin porte une protection que son équipe, qui comprend médecins et guides, a taillée dans un T-shirt. Autre source majeure de tracas: les débris.
"Il y a beaucoup d'arbres, de rondins et de débris. Le fleuve est très boueux. Nous devons être très vigilants pour guider Martin parce qu'il ne voit rien devant lui", explique son fils.
Levé à 05h00 tous les matins, il se jette à l'eau peu après pour nager jusqu'à midi. Il s'interrompt alors 20 minutes pour s'alimenter, puis replonge jusqu'au soir. Porté par de puissants courants, il a parcouru jusqu'ici une centaine de kilomètres par jour à la moyenne de 10 km/h, vitesse bien supérieure aux prévisions, qui pourrait réduire de quelques jours la durée d'une odyssée qui lui promet encore quelques sueurs froides et de beaux efforts.
Si les piranhas se sont jusqu'ici montrés discrets, la zone d'Iquitos, très réputée, en est infestée. Son équipe a fait provision de sang animal pour détourner leur attention. Non loin de l'embouchure, Strel devra en outre franchir le Pororoca, une vague de quatre mètres due à la marée.
Inscrit au Guinness Book des records pour avoir descendu le Yangtze - de 1.500 km plus court que l'Amazone - en 2004, il a également parcouru le Danube et le Mississipi. Ce nouvel exploit, Strel l'a dédié à la paix et la préservation de l'environnement