Des députés belges reportent la demande de naturalisation de Johnny Hallyday Par Philippe SIUBERSKI agrandir la photo
BRUXELLES (AFP) - La commission des naturalisations de la Chambre des représentants de Belgique, qui devait examiner mardi le dossier du chanteur français Johnny Hallyday, a reporté sa décision à une date ultérieure, a indiqué une source officielle belge."Le dossier de Johnny Hallyday ne sera pas traité aujourd'hui", a déclaré une porte-parole de la chambre basse du parlement belge une demi-heure après le début d'une réunion à huis clos de la commission.
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La demande controversée du chanteur français sera examiné lors d'une réunion dont la date n'a pas encore été fixée, a-t-elle ajouté.Cette démarche est motivée par des raisons "sentimentales" selon le chanteur mais un parfum d'évasion fiscale risque de la faire échouer.
Pour obtenir la nationalité belge, il faut en principe avoir sa résidence principale en Belgique depuis au moins trois ans --ce que Johnny n'a pas-- ou, à défaut, être en mesure de prouver d'autres "attaches véritables avec la Belgique".
Une exigence à laquelle Johnny Hallyday, de son vrai nom Jean-Philippe Smet, né le 15 juin 1943 à Paris d'une mère française et d'un père belge, tente de répondre depuis qu'il a annoncé début 2006 son souhait d'obtenir la nationalité belge.
"Ma filiation me lie de façon certaine à la Belgique, pays de mes racines", explique ainsi Johnny dans la lettre manuscrite qu'il a adressée aux 17 membres de la Commission belge des naturalisations de la Chambre des représentants, chargés d'examiner sa demande.
Evoquant son père Léon Smet, un Bruxellois aujourd'hui décédé, Johnny Hallyday souligne qu'il aurait pu lui aussi "être belge le jour de (sa) naissance, en 1943, s'il n'y avait pas eu de discrimination, à cette époque, entre les enfants légitimes et ceux nés hors mariage".
A la lecture d'une interview accordée en novembre 2005 au magazine Psychologies, il apparaît toutefois que les liens avec ce père étaient pour le moins distendus.
"Mon père est parti quand j'étais bébé. Il m'a abandonné pendant que ma mère travaillait. Il m'a sorti de mon lit d'enfant, il m'a laissé sur une couverture, sans vêtements, il a emporté mon lit pour le vendre et se payer à boire, c'était un alcoolique", expliquait Johnny, qui n'a revu son père qu'à l'âge de 20 ans, lors d'une rencontre qui s'est mal passée.
Pour appuyer sa demande, l'interprète de tubes comme Le Pénitencier explique toutefois aux députés avoir conservé en Belgique "un certain nombre d'amis et de parents éloignés" et avoir "toujours beaucoup de plaisir à se rendre" dans un pays qui lui a accordé les insignes de l'ordre de la Couronne en 2001.
Malgré une "fuite" récente de son entourage, qui annonçait pour pratiquement acquise l'obtention de la nationalité belge, la quête de "belgitude" du rockeur semble en fait mal engagée.
C'est que des journaux ont suggéré que Johnny, qui s'est récemment installé en Suisse pour payer moins d'impôts, souhaiterait en fait devenir belge pour ensuite vivre à Monaco, où les citoyens belges jouissent d'avantages fiscaux dont ne bénéficient pas les Français.
"Tout le monde fait fausse route: je n'ai pas l'intention d'être belge pour aller à Monaco", a déclaré il y a quelques jours le chanteur.
Mais en pleine campagne présidentielle, cet apparent manque de civisme a été dénoncé par la gauche et par l'UDF. L'attitude du chanteur embarrasse aussi le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à qui Johnny a apporté un soutien appuyé.
Ces rumeurs d'une évasion fiscale ont également été mal reçues par le parlement belge, où une majorité semble se dessiner contre sa demande, en particulier chez les élus néerlandophones.
Une députée flamande chargée de donner un avis à la commission des naturalisations a annoncé qu'elle voterait contre, tandis qu'une de ses collègues, également flamande, a qualifié la démarche de "discutable".
La députée socialiste francophone Karine Lalieux a pour sa part jugé que "ce n'est pas parce que l'on a de l'argent ou que l'on est célèbre que l'on peut devenir belge".
Le dossier de Johnny figurant sur une liste de 6.800 demandes à l'ordre du jour, d'autres réunions pourraient être nécessaires avant que le chanteur ne soit fixé sur son sort