L'otage française enlevée le 4 avril en Afghanistan libérée agrandir la photo
KABOUL (Reuters) - Les taliban ont libéré Céline, employée humanitaire de l'ONG Terre d'enfance enlevée le 4 avril en Afghanistan en compagnie d'un collègue français et de trois collaborateurs afghans.
De son côté, le président Hamid Karzaï a une nouvelle fois proposé aux rebelles islamistes des négociations de paix à l'occasion d'une cérémonie célébrant l'anniversaire de la chute du régime communiste.
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La jeune femme a donné une conférence de presse à Kaboul. La tête couverte d'un foulard islamique, visiblement très choquée et en pleurs, elle a demandé à ses anciens ravisseurs de libérer son collègue et les autres otages, toujours détenus.
"Je leur demande seulement d'avoir pitié, au nom de leur Dieu, d'Eric", a-t-elle dit. Evoquant les trois accompagnateurs afghans, elle implore aussi la clémence des ravisseurs, déclarant : "ils sont afghans et musulmans, comme eux. Ce sont leurs frères, ils ont des enfants qui attendent. S'il vous plait, libérez-les !", supplie-t-elle.
Le porte-parole des taliban, Qari Mohammad Yousuf, a annoncé le premier en début de matinée que la jeune femme travaillant pour Terre d'enfance avait été libérée dans la province méridionale de Kandahar, ajoutant qu'il s'agissait d'un "geste de bonne volonté" de son mouvement.
"Cette libération est le résultat des efforts menés depuis plus de trois semaines. Ils doivent se poursuivre avec la même détermination et la même discrétion jusqu'à la libération des autres otages", a ensuite déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
Aucune des deux parties n'a évoqué l'éventuel paiement d'une rançon.
Le président français Jacques Chirac s'est réjoui, dans un communiqué, de la libération de l'otage. "Tous doivent maintenant redoubler d'efforts pour obtenir celle des autres otages dans la plus grande discrétion", peut-on lire dans le document.
Le groupe a été enlevé par les taliban le 4 avril dans la province de Nimroz (Sud-Est), entre l'Iran et la province afghane de Helmand.
Les taliban avaient exigé que la France retire ses troupes d'Afghanistan et demandé la libération de prisonniers taliban détenus par les autorités afghanes en échange des otages.
L'ultimatum expirait vendredi 27 avril.
Yousuf a déclaré à Reuters par téléphone satellitaire que cet ultimatum était prolongé d'une semaine.
Prié de dire si cette libération faisait suite au paiement d'une rançon, il a répondu que la Française avait été libérée "parce qu'elle est une femme".
OFFRE DE PAIX
A Kaboul, le président Hamid Karzaï a célébré le 15e anniversaire de la chute du régime communiste lors d'une cérémonie haute en couleurs, à l'occasion de laquelle il a renouvelé son offre de discussions de paix aux taliban.
"Aujourd'hui, pendant que nous célébrons la victoire du "djihad" (guerre sainte), nous invitons une fois encore ceux qui ont pris le parti des étrangers après avoir été dressés contre leur pays, à renoncer à la sédition et au mal et à réintégrer une vie pacifique", a déclaré le dirigeant afghan.
L'un des temps forts de la cérémonie a été un défilé militaire à laquelle ont participé des mutilés de guerre. Des blindés datant de l'époque soviétique, des véhicules "Humvee" américains et des chameaux ont notamment pris part au défilé.
La parade est passée devant des bâtiment en ruines, stigmates de la guerre civile qui a ravagé le pays après l'effondrement, en 1992, du régime communiste prosoviétique.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts jusqu'à la prise du pouvoir par les taliban en 1996. Ils ont été chassés, fin 2001, par une coalition internationale emmenés par les Etats-Unis mais ils sont depuis repassés à l'offensive contre le gouvernement afghan et les forces étrangères.
Il y a trois ans, le président Karzaï avait lancé un premier appel aux taliban à réintégrer la société afghane, une initiative qu'il avait renouvelée plusieurs fois par la suite, sans succès.
Il a engagé des discussions avec d'anciens chefs taliban à Kaboul mais peu d'informations ont filtré sur le résultat de ces échanges.
Karzaï doit se rendre dimanche en Turquie pour y rencontrer le président pakistanais Pervez Musharraf. Le président afghan devrait à cette occasion tenter de convaincre son homologue de faire davantage pour empêcher les taliban d'utiliser certaines zones tribales du Pakistan comme un sanctuaire d'où ils peuvent lancer leurs attaques.
Le Pakistan dément apporter un quelconque soutien aux combattants rebelles mais l'intensification des raids lancés par les taliban en Afghanistan depuis le Pakistan est devenue un sujet de discorde entre les deux pays.
Dans un entretien au quotidien espagnol El Pais publié samedi, Karzaï accuse Musharraf de faire preuve de "faiblesse" concernant la lutte contre le terrorisme.