Le pouvoir d'achat perçu en baisse malgré sa hausse agrandir la photo
PARIS (Reuters) - Le président Nicolas Sarkozy a déclaré mercredi qu'il y avait "un problème de pouvoir d'achat en France".
L'Insee semble d'accord et estime, dans une étude rendue publique jeudi, que la perception des ménages sur l'évolution de leur pouvoir d'achat est beaucoup plus dégradée que la réalité.
"Le pouvoir d'achat a progressé en France plus vivement en 2006 qu'en 2005 (+2,3% après +1,7%)", a rappelé Fabrice Lenglart, chef du départ des comptes nationaux lors d'une conférence de presse de présentation de cette étude publiée dans le rapport sur les Comptes de la nation 2006.
"Certes, si l'on prend un peu de recul, on observe bien sur les dernières années un certain ralentissement du pouvoir d'achat des ménages : sa progression s'est faite depuis 2003 sur un rythme annuel moyen de l'ordre de 2%, contre 3,5% entre 1998 et 2002", a-t-il ajouté.
"D'après la mesure qu'en fait l'Insee, le pouvoir d'achat ne cesse de progresser année après année", a-t-il poursuivi. "Or malgré ce constat, la perception du grand public sur cette question est beaucoup plus dégradée", a-t-il reconnu.
Aussi l'Insee a-t-elle cherché à expliqué ce décalage entre la perception des ménages et la mesure du pouvoir d'achat défini comme la progression du revenu disponible des ménages corrigé de l'inflation, c'est-à-dire de la hausse des prix des produits consommés.
Le revenu disponible des ménages correspond quant à lui à l'ensemble des ressources dont ils disposent, revenus d'activité comme les salaires, prestations sociales et revenus du patrimoine dont sont déduits impôts et cotisations sociales.
L'EFFET DU PASSAGE À L'EURO
L'Insee rappelle que le passage à l'euro a accentué le décalage entre l'inflation mesurée et l'inflation perçue par les ménages. "Sans doute la hausse des prix dans la grande distribution, qui a précédé le passage à la monnaie unique, a joué un rôle important", a relevé Fabrice Lenglart.
"Touchant des biens achetés au quotidien, cet épisode, pourtant temporaire a semble-t-il influencé durablement la perception des ménages quant à l'évolution des prix", a-t-il ajouté.
L'Insee souligne que ce décalage entre inflation mesurée et inflation perçue dépend du niveau de revenu des ménages.
"Compte tenu de la structure de leur consommation, en particulier le fait qu'ils soient plus souvent fumeurs, les ménages à bas revenus ont été plus exposés aux hausses de prix que les autres ménages", a expliqué Fabrice Lenglart.
"Les ménages ruraux ont davantage subi les effets du renchérissement de l'énergie", a-t-il précisé.
Au delà de la question de l'inflation, l'Insee estime que le poids croissant des dépenses dites "contraintes" peut expliquer cette perception d'une progression moindre que celle mesurée du pouvoir d'achat, voire d'une dégradation.
Ces dépenses contraintes recouvrent toutes celles considérées comme inévitables parce qu'indispensables et incluent en général les dépenses qui ont un caractère contractuel et non renégociables à court terme comme les loyers, dépenses de chauffage, de transport, de télécommunications, de frais d'assurance mais aussi les impôts directs et les remboursements d'emprunts.
"De 20% des dépenses totales des ménages en 1960, la part des dépenses contraintes a progressivement augmenté pour atteindre 36% en 2005", note l'Insee, ce qui a pu donner le sentiment aux ménages d'une moindre aisance financière.
L'Insee souligne toutefois que la part des dépenses contraintes décroît avec le niveau de revenu tout en ajoutant que ce phénomène s'est accentué sur la période récente, avec un alourdissement des dépenses contraintes pour les ménages les plus modestes, particulièrement des dépenses de loyers.
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