Il
était au chômage mais n'avait pas osé l'avouer à ses proches. Et il
s'était inventé un travail de nuit dans une entreprise de la ville de
Bourgoin-Jallieu. Prisonnier à la fois de sa perte d'emploi et de ce
non-dit, un homme est mort le week-end dernier, en pleine nuit, dans sa
voiture, victime du froid. Il avait 44 ans et son drame a été révélé
par Le Dauphiné Libéré. D'après le journal, le drame a été
découvert dimanche matin, lorsque l'épouse de la victime, inquiète de
ne pas voir revenir son mari, a alerté des amis. Ce sont eux qui ont
retrouvé la voiture garée à proximité du logement familial et ont à
leur tour prévenu les secours. Lesquels n'ont pu que constater le
décès. Cause de la mort : hypothermie, selon les premières
constatations.
Le maire PS de la ville Alain Cottalorda a parlé de ce décès comme "l'exemple de ce que peut causer dans la vie d'une personne l'absence de respect du droit à l'emploi", dans une interview accordée à France-Bleu Isère.
Mais cette mort, présentée dans un premier temps par les autorités
locales comme le drame social d'un chômeur, a également pris une
tournure de "drame intime", au fur et à mesure qu'était connu
le passé judiciaire de cet homme. Ce dernier, identifié comme Serge
Delpin, avait été condamné en 1994 par les Assises de l'Isère à 12 ans
de réclusion pour le meurtre de sa femme, deux ans plus tôt. Après le
meurtre, il avait tenté de prendre la fuite en Italie, avant d'être
interpellé.
Plusieurs pulls et pantalons enfilés les uns par-dessus les autres
Jusqu'au
bout, la compagne actuelle de Serge Delpin est restée persuadée que son
mari travaillait trois nuits par semaine dans une entreprise de la
ville. Selon une source judiciaire, il "faisait croire à sa famille qu'il travaillait de nuit à l'usine Photowatt" International de Bourgoin, spécialisée dans des modules et des cellules photovoltaïques. "Il
a mis au point ce scénario d'aller coucher dans sa voiture et comme il
n'était pas SDF et n'avait pas l'habitude de dormir sur des bouches de
chauffage, il est mort d'hypothermie".
Au moment de sa découverte, ont affirmé les secouristes cités par Le Dauphiné Libéré,
l'homme portait plusieurs pulls et pantalons enfilés les uns par-dessus
les autres. Une protection insuffisante pour résister au froid de la
nuit, alors que les températures, sans être exceptionnellement froides
en cette nuit de samedi à dimanche, étaient descendues en-dessous de
zéro.
L'enquête de police se poursuit mais "aucun indice suspect" ou "d'élément de nature criminelle" n'a pour l'heure été recueilli, a-t-on précisé de source judiciaire. Du côté de la mairie, on se dit "aux côtés des personnes frappées par cette épreuve" et on insiste pour "observer toute la discrétion et la dignité qui doivent être de mise dans cette situation".