Propos recueillis par Ludmilla INTRAVAIA - le 11/03/2008 - 13h12
LCI.fr: Votre livre s'intitule "Un amour absolu". Telle était la nature de votre adoration pour Claude François? Sylvie Mathurin, habilleuse de Claude François:Tout à fait. Etre fan, c'est être dans la dépendance totale, vivre par
et pour la star qui devient le miroir de votre âme. On se reconnaît
dans la star qui, magnifiée, vous fait évoluer à travers elle. Ainsi,
je n'aurais jamais pu être fan de Johnny Hallyday car il ne me
correspondait pas.
LCI.fr: Quels traits de personnalité de Claude François faisaient écho en vous?
S. M. :Sa fragilité, sa sensibilité. Sa passion pour la musique et ses
chansons qui exprimaient l'amour perdu et l'abandon. Tout cela a
bouleversé mon cœur d'adolescente.
LCI.fr : Vous
aviez 17 ans et vous vous pressiez, avec d'autres groupies, sur le pas
de sa porte. Vous attendiez qu'elle s'ouvre, qu'il jette son dévolu
amoureux sur vous?
S. M. : Non. Je
ressentais un amour spirituel pour lui, pas un amour charnel. Je
voulais vivre dans sa lumière. J'avais besoin d'un fil conducteur à ma
vie, pour passer le cap douloureux de l'adolescence et sortir de mes
problèmes existentiels, du mal-être de l'enfance.
LCI.fr : Et pourtant, un soir, la porte s'ouvre et Claude François vous demande de lui accorder vos faveurs. S. M. :J'ai fui. J'ai dit non. Je ne pouvais pas le considérer comme un homme,
alors que j'en avais fait un dieu. Je suis retournée sur le palier.
Mais j'ai culpabilisé car il avait besoin d'être aimé, de cette
adulation inconditionnelle des fans, un amour pur et profond.
|
Oh! Editions, 18,90 euros, 270 pages |
LCI.fr : L'adoration des fans était-elle un moteur pour lui?
S. M. :Il y puisait cette gloire immortelle qu'il retrouvait dans le regard
admiratif des jeunes femmes qui n'attendent rien en retour, si ce n'est
vivre dans son ombre.
LCI.fr : Vous avez voulu mourir pour Claude François...
S. M. :Oui. J'étais arrivée au bout de ma passion. Je ne savais plus comment
l'aimer. Je ne savais plus quoi lui donner. Et j'ai fait une tentative
de suicide, en un ultime sacrifice sur l'autel de l'adulation.
LCI.fr : Cette expérience fut-elle destructrice?
S. M. :Oui. Si ces années furent les plus belles de ma vie, j'ai vécu dans
l'abnégation totale. J'ai fait abstraction de tout pour lui,
complètement isolée de tout parcours scolaire. Depuis, j'ai reconstruit
ma vie, j'ai grandi et fait des enfants. Je ne vis pas dans le culte de
Cloclo. Je ne suis pas la gardienne de son mythe.
LCI.fr : Quel message voulez-vous faire passer dans votre livre? S. M. : Je sais que beaucoup de fans de
Tokio Hotel ou des
BB Brunesse reconnaissent dans mon expérience. C'est pourquoi mon livre n'est
pas nostalgique mais bien ancré dans la réalité. Etre fan est un
phénomène de société actuel, sur lequel je souhaite sensibiliser les
parents, afin qu'ils soient plus à l'écoute de leurs enfants, plus
vigilants aux problèmes qu'ils rencontrent, dans cette phase difficile
que demeure l'adolescence, quelles que soient les époques.