L'émission néerlandaise sur un don d'organe était un canular
[2007-06-01 23:19]
par Foo Yun Chee
AMSTERDAM (Reuters) - Les auteurs d'une émission de téléréalité controversée où des candidats à une greffe du rein étaient censés persuader une femme atteinte d'un cancer de leur donner ses reins après sa mort ont révélé vendredi soir qu'il s'agissait en fait d'un canular.
Le principe de l'émission, programmée sur la chaîne publique BNN pour sensibiliser les téléspectateurs au sujet de la pénurie de donneurs d'organes dans le royaume, avait été condamné par le Premier ministre néerlandais, Peter Balkenende, ainsi qu'à travers le monde.
"The Big Donor Show" était produite par Endemol.
La "malade" en phase terminale, une certaine Lisa, 37 ans, était, selon les créateurs de l'émission, atteinte d'une tumeur au cerveau.
A la dernière minute, on a appris en pleine émission qu'il s'agissait en fait d'une comédienne en parfaite santé. Même chose pour les soi-disant demandeurs de rein.
Les téléspectateurs néerlandais étaient, quant à eux, priés de donner leur avis par SMS tout au long de l'émission, qui a duré une heure et vingt minutes et a débuté à 20h30.
Avant l'émission, l'Union néerlandaise des transplantations avait confirmé qu'aucun de ses sept centres de greffe rénale du pays ne procéderait à l'opération après l'émission.
Dès l'annonce de sa diffusion, ce nouveau concept d'émission de téléréalité avait suscité la polémique.
LA CE PARLE DE "MAUVAIS GOUT"
Mardi, le gouvernement néerlandais avait estimé que l'émission était contraire à l'éthique tout en soulignant qu'il n'était pas en son pouvoir d'empêcher sa diffusion.
"On pourrait applaudir une émission dont l'intention serait de braquer les projecteurs sur les dons d'organes. Mais de ce que j'en sais, cette émission me semble inappropriée et contraire à l'éthique puisqu'elle est fondée sur la compétition", avait dit le ministre de l'Education et de la Culture, Ronald Plasterk, biologiste moléculaire de formation et ancien directeur de l'Institut néerlandais du cancer.
La Commission européenne, qui a dévoilé mercredi une proposition de carte de donneur d'organe européenne pour lutter contre la pénurie, avait quant à elle dénoncé elle le "mauvais goût" de l'émission.
La direction de BNN mettait en avant la prise de conscience que son émission pourrait susciter dans l'opinion publique sur le problème des greffes d'organe. La chaîne rappelait que son fondateur, Bart de Graaft, était mort d'insuffisance rénale il y a cinq ans en dépit de plusieurs transplantations.
D'après des statistiques européennes, 12% seulement des Européens portent sur eux une carte de donneur d'organes quand une large majorité d'entre eux (56%) sont favorables à des prélèvements post-mortem.
L'insuffisance du nombre d'organes disponibles pour des greffes est parallèlement responsable de dix décès par jour en moyenne. Quelque 40.000 patients attendent une greffe dans les 27 pays de l'UE.